La préférence directionnelle

Dans cet article, on se propose d’expliquer ce qu’est la préférence directionnelle. La méthode McKenzie (MDT pour Mechanical Diagnosis and Therapy) est une approche thérapeutique qui se concentre sur l’évaluation et le traitement des douleurs ou dysfonctionnements dont les symptômes semblent musculo-squelettiques. La popularité de la méthode repose en partie sur la notion de préférence directionnelle, qui est l’un des concepts fondamentaux du MDT. Dans ce billet de blog, nous allons examiner de plus près ce concept et expliquer comment il est utilisé dans la méthode McKenzie.

le bodychart est un schema d'un corps humain sur lequel un patient peut dessiner ses plaintes

 La préférence directionnelle est un terme utilisé pour décrire la direction dans laquelle un mouvement de la colonne vertébrale ou d’une articulation périphérique provoque une amélioration des symptômes douloureux ressentis et exprimés par le patient. En d’autres termes, c’est la direction dans laquelle un patient se sent le mieux lorsqu’il effectue certains mouvements de la colonne vertébrale ou des membres. Cette préférence directionnelle est un indicateur important dans la Méthode #McKenzieMDT pour déterminer le type de traitement kinésithérapique qui conviendra le mieux au patient.

Lorsque les patients présentent des douleurs musculo-squelettiques, ils ont tendance à adopter des positions qui soulagent leurs douleurs à court terme. Par exemple, si un patient a mal au dos, il peut avoir tendance à s’asseoir dans une chaise inclinée en avant ou à se pencher en avant pour éviter les douleurs ressenties en extension. Ces positions soulagent les douleurs à court terme (position antalgique), mais elles peuvent parfois contribuer à entretenir ou aggraver un problème mécanique sous-jacent à moyen terme. Il s’agit donc de ne pas confondre position antalgique et un mouvement thérapeutique effectué dans une certaine direction.un homme dans un paysage de forêt en posture mckenzie d'extension du rachis thoracique et des épauie

La méthode McKenzie et l’application de son algorithme décisionnel aide les thérapeutes à identifier la préférence directionnelle du patient en effectuant une série de mouvements ou de posture de la colonne vertébrale. Le thérapeute demande au patient d’effectuer divers mouvements, tels que se pencher en avant, se pencher en arrière, se pencher sur le côté, etc. Ensuite, le thérapeute observe et interroge attentivement la réaction du patient après chaque série de mouvements, en notant les positions qui soulagent ou exacerbent les douleurs et celles qui permettent d’améliorer ou d’aggraver l’amplitude des mouvements.

Une fois que la préférence directionnelle a été identifiée, le thérapeute peut utiliser cette information pour élaborer un plan de traitement individualisé pour le patient. Par exemple, si la préférence directionnelle du patient est de se pencher en avant, le thérapeute peut recommander des exercices spécifiques qui impliquent de se pencher en avant. Si ils favorisent l’activité générale (muscles, boucles sensori-motrices, matériel discal, ligaments) de la colonne vertébrale, le but de faire bouger le patient dans cette direction préférentielle est d’améliorer les symptômes, de récupérer les amplitudes articulaires et retourner vers une fonction normale . Si la préférence directionnelle du patient est de se pencher en arrière, le thérapeute peut recommander des exercices qui impliquent alors de se pencher en arrière.

Il convient de noter que la préférence directionnelle n’est pas la même pour tous les patients et que la même direction peut soulager les douleurs d’un patient tandis que cela peut les aggraver pour un autre patient. Il est possible qu’aucune préférence directionnelle ne soit retrouvée et que n’importe quel mouvement améliore les symptômes du patient. Par conséquent, il est important pour les thérapeutes de bien s’assurer qu’une préférence directionnelle est présente au cas par cas avant de planifier le traitement adapté. On observe toutefois des répartitions statistiques favorables pour certaines préférences directionnelles. Par exemple, l’extension lombaire semble plus souvent efficace que la flexion lombaire si l’on considère un grand nombre de patients lombalgiques mécaniquement répondants chez lesquels on peut identifier une préférence directionnelle.

Dans la Méthode McKenzie, la préférence directionnelle est également utilisée pour déterminer la nature des problèmes musculo-squelettiques sous-jacents de certains sous-groupes de patients. Par exemple, si un patient a une préférence directionnelle pour se pencher en arrière, cela pourrait indiquer que le patient a lésion de l’organisation du disque intervertébral dans sa partie postérieure. Cela fait partie depuis les années 80, de l’intuition de Robin McKenzie (créateur de la méthode) et semble depuis corroborer par des données scientifiques peu nombreuses  mais en cours d’élaboration. Dans ce cas, le thérapeute peut recommander des exercices spécifiques qui soulagent la pression sur le disque et réduisent les douleurs. Cela fait référence au fameux modèle discal de Robin McKenzie qui est actuellement souvent débattu. Fait observationnel intéressant, une majorité des patients présentant une préférence directionnelle classifiés par le méthode McKenzie de « syndrome de dérangement » s’améliorent dans le sens de la préférence directionnelle et s’aggravent dans la direction opposée. 

En outre, la préférence directionnelle peut également être utilisée pour prédire la réponse du patient au traitement. Si un patient a une préférence directionnelle évidente pour un mouvement spécifique, et que l’évolution de ses symptômes permet d’observer une centralisation de la douleur projetée. Alors il est probable que le traitement qui s’articule autour de ce mouvement sera efficace pour soulager puis réduire totalement les douleurs. Et surtout que le pronostic du patient vers la guérison est favorable. Une centralisation de la douleur est un changement de la topographie d’une douleur irradiant dans un membre, changement se déplaçant du distal vers le proximal. Par exemple, une douleur de type sciatalgie irradiant à mi-mollet pourra après une série de mouvements spécifiques dans une préférence directionnelle remonter jusqu’au niveau de la fesse avec une disparition des symptômes dans le mollet.

La méthode McKenzie utilise également la préférence directionnelle pour aider les patients à gérer leur douleur à long terme. En identifiant la préférence directionnelle et en utilisant des exercices spécifiques pour activer les muscles de la colonne vertébrale et mobiliser la colonne dans cette direction, la méthode McKenzie aide les patients à privilégier certaines postures et à éviter les mouvements pour lequel leurs tissus ne sont pas ou ne sont plus adaptés et qui, de ce cas précis, peut contribuer à entretenir ou aggraver leur condition. En fin de compte, cela peut aider les patients à gérer leur douleur à long terme et à améliorer leur qualité de vie tout en restant actif et volontaire pour mobiliser leur dos.

Le fait d’effectuer des exercices uniquement dans le sens de la préférence directionnelle ne constitue que la première phase du traitement.  Dans un deuxième temps il sera essentiel de réentrainer le corps à bien tolérer les mouvements dans le sens opposé à la préférence directionnelle, c’est-à-dire ceux qui l’aggravaient au départ. L’objectif étant pour chaque patient de retrouver:

    • une mobilité complète dans toutes les directions,
    • une musculature puissante, adaptée à leur activité quotidienne,
    • une confiance totale dans la capacité de leur corps à pouvoir s’adapter à la plupart des activités choisies par la personne.

En conclusion, la préférence directionnelle est un concept fondamental de la méthode McKenzie pour évaluer et traiter les douleurs musculo-squelettiques. En identifiant la direction dans laquelle un mouvement de la colonne vertébrale soulage les douleurs d’un patient, les thérapeutes peuvent élaborer un plan de traitement individualisé pour chaque patient et aider les patients à gérer leur douleur le temps de la pathologie. Si il y a récidive, la préférence directionnelle reste souvent la même d’un épisode à l’autre.  De ce fait la préférence directionnelle peut aussi permettre de prévenir et de traiter les éventuels épisodes de récurrences.  Cela participe au but de l’intervention thérapeutique en MDT qui est de rendre le patient autonome pour s’auto-traiter.

Retenons que le MDT est une approche algorithmique précise, avec un raisonnement clinique en accord avec les principes de l’Evidence Based Practice qui prend en compte les besoins individuels de chaque patient et peut aider à améliorer la qualité de vie des individus

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